0
0.00 $ 0 article

Votre panier est vide.

Infolettres

Lève-toi voyons!

21 décembre 2022

– Lève-toi voyons!– J’ai pas le goût.

– La maison est toute à l’envers.

– Je n’ai plus d’énergie, laisse-moi tranquille.

– Tu fais juste ça, rester couchée.

– …

– Notre fille nous a invités… c’est Noël.

– Je n’ai pas le goût d’y aller. Laisse-moi tranquille.

C’est le temps des Fêtes. Je ne veux pas jouer les rabat-joie. Après tout, on souhaite Joyeux Noël à tout le monde.

Beaucoup de gens ont le moral dans les talons ces temps-ci. Nous nous sommes fait attaquer, et nos gouvernants étaient de la partie. Ça laisse des traces. Mais la déprime était là bien avant. Elle a juste empiré.

J’ai de bonnes nouvelles pour toi. La déprime est positive. Elle est une bonne chose. Dans un monde de performance, elle a bien sûr mauvaise réputation. Mais au-delà de cette incrustation contextuelle, elle est superpositive. Elle est comme un tremplin. Comme quand on se trouve dans une piscine et qu’on descend jusqu’au fond pour se donner un élan.

Tant qu’à jouer aux élastiques, parlons de la joie. La joie est le contraire de la déprime, n’est-ce pas? Qu’est-ce que la joie?

Pour moi, la joie est un état qu’on vit quand on est dans son essence et qu’on est avec une – ou plusieurs – personnes qui, elles aussi, sont dans leur essence. C’est un état partagé. Ou encore quand on est dans son essence et qu’on voit le résultat de notre créativité. L’œuvre ou l’objet créé joue le rôle de l’autre, parce qu’il est à l’extérieur de soi.

À contrario, on vit la dépression quand on s’est éloigné·e de son essence. Ça fait un peu simpliste comme explication, mais suis-moi. Les explications qu’on trouve dans les ouvrages de psychiatrie sont souvent très compliquées… trop compliquées. Je pourrais te donner de nombreux exemples de diagnostics qui seraient aisément remplacés par des explications d’ordre spirituel ou psychospirituel.

Si la dépression vient du fait qu’on s’est éloigné·e de soi, de son centre, alors la solution serait de se réapproprier son centre et de retrouver sa créativité.

Ça fait longtemps qu’on a perdu la joie. Ça peut remonter à l’enfance. Enfant, on jouait, on riait. On pleurait parfois, mais la joie au fond demeurait. Que s’est-il passé depuis?

Je crois que si on permettait – ou si on enseignait – aux enfants à exprimer leur colère de façon directe, saine, on aurait des ados et des adultes bien plus joyeux.

On nous a plutôt enseigné que la colère était mauvaise. Le christianisme – toutes les religions, d’ailleurs – en ont fait un monstre, quelque chose de mauvais. Récemment, des prétextes d’ordre esthétique ont pris la relève. On n’est pas belle – ou beau – quand on est en colère.

Or, cette émotion est saine. Elle survient quand notre dignité est menacée ou quand on nous bloque dans nos projets. Généralement, c’est quand on nous manque de respect. Ultimement, la colère et son expression sont un gage de respect de soi.

Le problème clé, c’est qu’on a fait équivaloir colère et agression. Voilà la grosse erreur. La colère peut être exprimée autrement qu’en sautant dans la face de l’autre… ou en lui envoyant de mauvaises pensées. Elle peut être traitée avec des mots. Elle n’a pas besoin d’être contenue, ni retournée contre soi, encore moins niée. Elle peut – et doit — être dite.

La colère non exprimée fait disparaître la joie. Éventuellement, elle se transforme en haine. Puis en honte – n’est-on pas supposée aimer au lieu d’haïr? On en vient même à croire qu’on est une mauvaise personne parce qu’on éprouve de la haine pour des personnes qu’on devrait aimer, par exemple nos parents ou notre conjoint·e.

Certaines femmes souffrent de dépression sévère quelques jours avant leurs règles. Au point de ne plus pouvoir fonctionner. L’examen de leur profil, en recherche, montre que ce sont des femmes très blessées, par exemple ayant subi des abus sexuels ou psychologiques, parfois dès l’enfance. Ce problème se manifeste en d’autres moments du cycle, mais il est exacerbé, amplifié, juste avant les règles. Les psychiatres y ont collé le diagnostic « trouble dysphorique prémenstruel » (TDPM), une sorte de SPM sévère. À noter que ce diagnostic inclut aussi l’irritabilité et l’agressivité prémenstruelles. Cela en dit long sur le lien entre colère et dépression.

Revenons à la femme qui déprime, qui se traîne et n’a pas le goût de se lever. Si on pouvait voir dans son monde intérieur, on constaterait qu’elle ressasse, qu’elle a des pensées négatives, entre autres à propos d’elle-même – souvent à propos de son corps. Elle a le goût de fuir son état, de s’engourdir, car elle ne se sent pas bien. Alors, typiquement, elle consomme : cigarette, alcool, psychotropes, etc. ou simplement de la bouffe en quantité. Elle est prise dans un cercle vicieux.

Alors moi, cette année, au lieu d’aller fêter Noël avec des gens qui ne pensent qu’à s’enivrer, se stoner ou s’empiffrer, je vais rester avec moi-même. Je vais rester avec l’esprit des femmes blessées qui n’arrivent pas à s’en sortir. Je vais faire quelque chose avec cet esprit. Il ne m’est pas étranger. Je vais le dessiner. Puis je mettrai de la musique et je le danserai. Je le chanterai. Je consacrerai mon dessin, ma danse et ma chanson, je les dédierai à mes ancêtres, aux animaux et aux arbres, aux étoiles et aux gens de cœur.